mardi 18 décembre 2012

Vieille rengaine.....



Le Syndrome de Peter Pan


C’était hier qu’j’passais mon bac,
Il arrive pourtant sans peine,
Je veux parler là du cap
Bien connu de la trentaine.
Je n’ai jamais grandi,
Je n’ai jamais mûri,
Presque trois décennies,
Que je suis dans mon nid.

Dans ma petite chambre d’ado,
Y a plein d’posters, de photos.
Led Zeppelin est tout en haut,
A côté de Manu Chao.
Pas moyen que je la vire,
Mon affiche de « I like beer »,
Et quand j’essaie de dormir,
Je ne vois que Richard Gere…..

Papa, maman, faut qu’vous soyez au courant :
Il paraîtrait qu’j’suis atteinte du Syndrome de Peter Pan.
Pour plus m’avoir dans les pattes, ben il va falloir vous battre,
Car ce n’est pas (pour) demain, que je vais me prendre en main.

Je suis de la génération
Des enfants de la Télé,
C’est avec adoration
Que j’ai chaque jour regardé
Téléchat et Sans Famille,
Les Cat’s Eyes ou bien encore,
Les Mondes Engloutis, Candy,
Les Merveilleuses Cités d’Or

C’est normal, me direz-vous :
On en était fan aussi !
Oui mais bon ce n’est pas vous,
Qui avez encore aujourd’hui,
La collection des Thorgal
Et le Marsupilami.
J’ai bien un problème mental,
Puisque ce sont mes seuls amis.

Papa, maman, faut qu’vous soyez au courant :
Il paraîtrait qu’j’suis atteinte du Syndrome de Peter Pan.
Pour plus m’avoir dans les pattes, ben il va falloir vous battre,
Car ce n’est pas (pour) demain, que je vais me prendre en main.

Avant d’aller au boulot,
Maman m’prépare mes vêtements.
Et puis j’ouvre le frigo,
Prendre le pique-nique qui m’attend.
Je suis une vraie pique-assiette,
La reine d’la boîte à tartines.
Et le reprisage des chaussettes,
C’est maman qui s’le coltine.

En 25 ans de métier,
Je n’ai jamais débarrassé,
La table du p’tit déjeuner,
Et encore moins le plancher.
Je suis une vraie lavette,
Mais je ne suis pas dans la dèche,
Car je suis loin d’être bête,
C’est le moindre effort que j’prêche.

Papa, maman, faut qu’vous soyez au courant :
Il paraîtrait qu’j’suis atteinte du Syndrome de Peter Pan.
Pour plus m’avoir dans les pattes, ben il va falloir vous battre,
Car ce n’est pas (pour) demain, que je vais me prendre en main.

Et oui j’refuse de grandir,
J’ai la tête dans les étoiles,
Que la nuit je regarde luire,
Au plafond d’ma chambre postnatale.
Je refuse d’évoluer,
Et j’ai la tête à l’envers,
Quand je m’retiens par les pieds,
Au trapèze de l’espace vert.

Je vis ma vie en musique,
Loin de toute réalité,
Ma maladie est chronique,
Celle qui m’en fait décoller,
Je rêvasse, je tourne en rond,
Je glandouille, j' suis brouillon.
Je suis d’celles dont les mots sont :
« Dessine-moi un mouton. »

Papa, maman, faut qu’vous soyez au courant :
Il paraîtrait qu’j’suis atteinte du Syndrome de Peter Pan.
Pour plus m’avoir dans les pattes, ben il va falloir vous battre,
Car ce n’est pas (pour) demain, que je vais me prendre en main.

(Paroles d'une chanson écrite à 25 ans. Comme quoi.....)

lundi 10 décembre 2012

Lettre ouverte à Saint-Nicolas




« Ô Grand Saint-Nicolas,

C’est Perrine Pan. Oui, encore moi. Je sais, ça fait 31 ans que vous vous farcissez mes missives, 31 ans que vous les refilez à Père Fouettard et à sa team de RP pour qu’ils me répondent de leur plus belle plume d’autruche une réponse un tant soit peu personnalisée parce que vous, vous avez assez à faire avec la gestion de votre entreprise de divertissement. Mais que voulez-vous ? En tant que Saint-Patron de tous les n’enfants, vous êtes et serez toujours mon maître à penser, à moi, l’archétype même de l’« enfulte » - pardonnez-moi au passage cette expression douteuse que j’exècre mais qui me résume si bien. Chaque année, vous remportez sans surprise le titre de « Person of the Year » de mon petit classement personnel, où je suis certes le seul juré. Et sans vouloir heurter le saint homme d’Eglise que vous êtes, à côté de vous, Johnny Depp et Julien Doré n’ont plus rien à foutre dans mon top des « Hommes que si ils étaient dans mon lit, je dormirais pas dans la baignoire. »  Ben oui, j’ai vu quelques vitraux de vous jeune, et je ne peux que constater que vous portiez (déjà) la barbe à merveille, faisant ressortir l’éclat azur de vos yeux, du temps où vous n’aviez pas encore délocalisé votre activité sur les hauteurs. Pour peu que vous osiez voler sur les platebandes de Santa Claus, en exportant votre image Outre-Atlantique, je suis sûre que vous arriveriez à faire de la crosse un must have, et de la cape l’accessoire swag de la collection automne hiver du Men’s Vogue. Non, je n’ai jamais cessé de croire en vous, malgré le délit d’initiés de certains de mes camarades de classe, malgré l’aveu fait ensuite de la bouche même de mes parents. Années après années, décennies après décennies, se sont succédé devant l’âtre mes souliers Aster, Hush Puppies, Kickers, Dockside, Airwalk, Converse, Dr Martens, Chipie, Bensimon, Adidas et Isabel Marant. Bref, 31 ans d’une absolue dévotion à votre culte, d’une groupie attitude sans faille. Sauf que.

Sauf que maintenant, je suis maman. Et donc, dans vos petits papiers. Et j’avoue que ça me met un peu dans mes petits souliers, moi, d’être dans vos petits papiers. Rassurez-vous, il n’est pas question ici de vous blâmer. Comme il ne me viendrait pas à l’idée de blâmer Dieu pour les atrocités commises en son nom. Non. Je sais que vous faites de votre mieux, et qu’avec la population mondiale qui ne cesse de croître – et ce même si votre activité ne s’étend que sur le territoire du Bénélux - , vous avez été obligé de renoncer à la facture entièrement artisanale de vos joujoux. Victime de votre succès, vous avez du faire appel à des collaborateurs qui ont pour nom Fisher-Price, Playskool, Disney, Lansay et autres Bandaï. Les pages roses de nos quotidiens ont même parlé à une époque d’une O.P.A qui aurait été faite par Mattel sur la petite entreprise « Niklaas & Fouettards ». Mais vous n’y pouvez rien, vous. En ces temps de crise, si vous voulez continuer à combler de bonheur vos petits moutons, il vous faut vous aussi suivre le troupeau de la mondialisation. Et puis vous n’avez plus 1020 ans, quand même. Vous êtes toujours dans le Conseil d’Administration, mais n’exercez plus vraiment, je me trompe ? On dit que c’est  votre âne qui aurait repris les rennes de la boîte. Mais attention, Saint-Nicolas, car je ne pense pas que le nouveau boss aux dents longues soit têtu au point de boucher ses grandes oreilles quand viennent y siffler les sirènes du merchandising. Bon, je vous vois déjà en train d’ajuster vos lunettes en demi-lunes et de souffler à l’oreille de votre associé à béret : « Je ne comprends pas un traître mot de ce que me raconte cette jeune dinde ….. » Aussi je vais parler concrètement.

Lundi passé, soit quelques heures avant votre passage dans les foyers, j’avais pris congé afin d’aller me fournir chez vos collaborateurs pour offrir à mes filles un 6 décembre digne de ce nom. Comme les heures et les sous sont comptés dans la vie d’une mère de famille limite « Mompreneur » comme moi, je me suis dit que j’allais tout miser sur une grande enseigne au logo jaune et bleu. Vu la taille du commerce, je ne devrais avoir aucun mal à trouver le meilleur rapport qualité-prix en matière de jouets, moi qui suis loin d’être la mère 100% BioBobo qui ne jurerait que par les jouets en bois transporté en paquebot depuis des forêts écologiquement propres, avant d’être enduit de cire d’abeille made in Thorembais-les-Béguines. Naïve que j’étais !! Ca a commencé par une sensation d’écoeurement, à peine le portique d’entrée franchi. Et là je ne vous parle même pas des sapins de Noël ornant prématurément les rayons, à semer la confusion la plus totale chez les enfants de maternelle qui peinent déjà à différencier le lundi du mardi sur le calendrier de leur classe. Non. Je fais plutôt allusion à cet étalage de couleurs saturées accentuées par la matière plastique qui les arborent. Et à ce clivage au sein de celles-ci. Fushia, mauve et rose Barbie pour les rayons « fillette » ; bleu, kaki et rouge pour les rayons « garçon », histoire d’être sûr de ne pas se tromper et d’offrir malencontreusement une montre  Ben10 à la petite dernière, au risque d’en faire une future gwin à mèche. Oui, aujourd’hui, force m’est de constater que les jouets ont un sexe. Mais ce n’est pas encore là le nœud du problème. Ce qui me pose réellement question,  c’est plutôt le concept d’estampillage, voire, pour employer un terme plus adéquat, de merchandising. En effet, plus moyen de retrouver un jouet figurant sur la liste de ma jeune Padawan qui ne soit griffé Disney (Cars et autres Disney Princesses), Barbie ou Dora l’usurpatrice (1500 produits dérivés il y a déjà quelques années, je ne sais pas où elle en est aujourd’hui). Pas moyen de trouver un Memory ou un jeu de dominos qui ne soient complètement neutres. Ravensburger aurait lui aussi vendu son âme d’enfant aux pontes de la grande consommation. C’est là que j’entends déjà certains lecteurs me demander où est le mal, les studios Disney véhiculant après tout des valeurs judéochrétiennes des plus louables. Bon, on ne va pas revenir sur le passé trouble du vieux Walt, au risque, pour certains, de briser un mythe. Ni sur l’hypersexualisation et les mutations improbables des héros de Perrault et Grimm que j’ai pu constater en tombant sur une Barbie-Blanche-Neige en décolleté improbable et mini-jupe ras des l’touff tout ce qu’il a de plus médiéval, au risque de passer pour une vieille ringarde. Par contre, loin de moi la volonté de faire de la récupération, mais ce qu’on peut plus légitimement dénoncer, ce sont par exemple les conditions de travail des ouvriers chinois qui fabriquent les jouets du groupe Mattel, auquel appartient Disney (voir : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=riIisBDVU_E). Bon, bon, je sais, c’est comme ça partout et c’est comme ça pour tout. Les fringues, les meubles, les ordis. Si on veut consommer éthique, on doit être plein aux as. Mais bon, ça se doit quand même d’être dit, non ? Enfin, dernier chef d’accusation à l’encontre de ces marques : la manipulation des prescripteurs d’achat que sont nos chères petites têtes blondes. Un dessin animé fait un carton ? Hop, on en dérive quelques produits, on en fait la pub massivement sur la chaîne où passe le dessin animé afin que l’enfant identifie bien le packaging et le retrouve aisément dans son catalogue Dreamland (heureusement qu’il ne sait pas lire, ce serait beaucoup trop easy pour lui de découvrir le pot-aux-roses) et dans le magasin (si le parent a le malheur de faire les courses avec son rejeton….). Là non plus, je ne vous apprends rien, mon bon Saint, mais moi, quand ma fille découvre le jouet tant désiré parmi vos présents et qu’elle se met à en entonner la ritournelle de la pub télé, en la ponctuant du slogan de la marque, ça me fait un peu mal à mon esprit critique. Oh, j’en aurais encore des reproches à adresser à vos collaborateurs, Saint-Nicolas, comme l’insécurité des jouets, constitués d’un nombre incalculable de produits chimiques à rendre stérile l’ouvrière qui les fabrique, et qui n’aura donc pas à se poser la question de savoir comment offrir des jouets à son propre enfant, avec les 0,8% de leur prix de vente alloués à son salaire. Quant à savoir ce qui se passera dans la bouche de la petite Lilou lorsqu’elle les lapera, de qui est-ce vraiment le problème, finalement ? A part le sien et celui de ses parents ? Et puis fourt’, ceux-ci n’ont qu’à se fournir uniquement aux Idées Bleues ou chez Woodtoys, et tant pis si ça les fout sur la paille, et qu’ils seront obligés de terminer le mois en bouffant le collier de pâtes reçu à la dernière fête des mères. Mais encore une fois, je ne voudrais pas faire de la récupération.


Et puis je sais ce que vous allez me répondre, mon bon Saint-Nicolas : « Mais  Perrine, à ton époque, c’était toudi l’même. Souviens-toi quand je t’ai offert la peluche Bébé Schtroumpf, à la sortie de l’album éponyme, ou celle du Marsupilami, alors que tu raffolais de ses aventures en Palombie. Et tes Popples, et tes Bisounours, tu les croyais sortis de la cuisse de Père Fouettard ? » Oui, c’est vrai, vous n’avez pas tort. Peut-être que je suis trop psychorigide. Mais voilà, je voulais juste souligner ça avec les marqueurs Raiponce 100% washable de la petite Oompa Loompa.

Malgré tout, je vous souhaite une bonne tournée, Saint-Nicolas. Vous n’avez pas baissé d’un cran dans mon estime. Je vous laisserai la nuit du 6 décembre une carotte Bio et un verre d’Orval pour la route. Merci de ne pas emporter ma paire de Nike (ben oui, faites ce que je dis, pas c’que je fais…..).

Vous souhaitant bonne réception de la présente ainsi qu'une excellente Fête de vous-même, je vous salue bien cordialement.

Amitiés à Père Fouettard et à l’Ane.
  
Perrine Pan.

Envoyé de l’IPad Kid’ de la jeune Padawan.  (J’espère que vous avez du réseau là-haut.) »




Autres Liens :

Enquête sur les fabricants de jouets et leur (non) éthique, et pétition :




Faut-il interdire la publicité aux enfants ? (Questions à la Une) :


 http://www.dailymotion.com/video/xfrdxr_publicite-faut-il-interdire-la-publicite-aux-enfants_school