vendredi 24 février 2012

Episode XIII: Le top 10 des choses que si à 30 ans tu les fais toujours, c’est la honte…...


Brièvement, à 30 ans, il ne FAUT PLUS :

1° Porter des bracelets de festival.
On peut y aller, on peut en parler, on peut même s’en vanter, mais pas l’afficher. Ca fait tache à côté des boutons de manchette ou du caillou de fiançailles. Voire….ça fait sale.
2° Porter des pulls à capuchon. Sauf en cas d’activité sportive bien définie. Par contre, les baskets sont acceptées, mais pas n’importe lesquelles. Si les Converse font trentenaire décontracté/décomplexé, les Air Walk vous feront passer pour un vieux skater sur le retour. A oublier enfin: la grosse Ice Watch en plastique, beaucoup trop gloubi-boulga....
3° Se murger à la bière spéciale. Non, à 30 ans on se saoule au vin blanc ou aux bulles (cfr. mariages, baptêmes, communions, apéros dînatoires, thés dansants, brunchs, lunchs, et autres petites sauteries youplaboum). Le petit Cointreau ou l’Irish Coffee est toléré en fin de soirée,  à des fins uniquement digestives.
4° Vomir en soirée. Voir Myriam Leroy n’aime pas avoir 30 ans.
5° Avoir un piercing ailleurs que dans les oreilles. Surtout pas dans le nez (essayez de passer un entretien d’embauche avec un look à la Pink) ou dans le nombril (et si vous tombiez enceinte ? Maline Jacqueline….). Vaut aussi pour les tatouages et autres scarifications....
6° Ecouter Fun Radio. Doc et Difool sont pensionnés depuis longtemps. Non, quand on a 30 ans, on écoute Pure FM. Eventuellement StuBru ou la Première pour les infos et Culture Club.
7° Etre chef scout. Ou avoir quelque activité qui puisse s’apparenter à du scoutisme, surtout si elle est professionnelle.
8° Manger des céréales en guise de souper. Quand on a 30 ans, on mange « complet » chaque jour : ½ assiette de légumes pour ¼ de féculents et ¼ de viande/protéines.
9° Faire des nuits blanches et des grasses mats. Même si on n’a pas d’enfant. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et puis, votre pauvre petit corps ne suivrait plus….
10° Jouer à des jeux vidéos. Vous passeriez pour un vieux gamer déconnecté de la dure réalité des trentenaires. Attention, les applications smartphone sont tolérées dans la salle d’attente du dentiste, ainsi que la Wii (car familiale) et des émulateurs de jeux vintage type Sonic, par nostalgie.

Et les points bonus: être en négatif sur son compte courant et fumer (pétard ou clop, les deux sont définitivement has been.... A la rigueur la shisha en vacances à Marrakech avec la belle-famille....)

Episode XII : Le top 10 des choses que si tu les as pas encore faites à 30 ans c’est la honte....

Alors, entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’expériences à avoir réalisées dans sa jeunesse histoire de ne pas le regretter maintenant qu’il est trop tard, dans des domaines tels que la toxicomanie au sens large,  les sports extrêmes, le voyage, les relations humaines et intimes, la culture underground, etc, etc….. NON. Il s’agit de ce qu’il est de bon ton d’avoir accompli à 30 berges, aux yeux de notre société et en particulier à ceux de notre maman et peut-être, de manière plus sournoise, à ceux des autres trentenaires..... 

Donc, à 30 ans, il FAUT :

1° Etre casé. T’ention, je n’ai pas dit marié hein, j’ai bien dit casé. Que ce soit avec celui ou celle que vous considérez comme votre âme sœur, votre prince charmant, votre alter ego, votre promis(e), votre moitié, votre dulcinée, l’élu(e) de votre cœur, votre homard, votre demi-citron…. ou non. Ca peut tout aussi bien être votre meilleur ami d’enfance, votre meilleur pote actuel, votre ex, un copain homo qui ne voudrait pas faire son coming out et qui vous prend comme couverture (ou l’inverse), votre cousin, votre cousine, votre demi-frère, votre filleule, votre coloc….., pourvu que cette personne ait un bras pour pouvoir vous y agripper en soirée, ou un nom pas trop ridicule à inscrire à côté du vôtre sur une enveloppe (oui, y a des gens qui envoient encore du courrier par la poste, généralement en cas de mariage, voir point 2°)…. pourvu-que-vous-soyez-ca-sé !!

2° Etre marié. Oui, je sais, je contredis d’emblée le point 1. Mais en fait, non. Disons que si être casé à 30 ans est essentiel, et constitue le strict minimum, être marié est un must. Et vous aurez beau entendre tous les défenseurs de l’annulaire libre vitupérer et défendre fébrilement leur point de vue jusque dans le bus qui vous mène à l’église le jour J (oui parce qu’aujourd’hui on se marie en bus, voire probable prochain épisode sur les mariages), croyez-moi, tout le monde rêve de se voir passer la bague au doigt. C’est comme ça. Etre marié, c’est le top. La Bible le dit, Hollywood le dit, la loi le dit, la société vous le dit, votre mère vous le dit (ma fille ne coiffera pas Sainte-Catherine ! Bbbrrrrr), Céline Dion le dit (et l’a fait deux fois), même Snow Patrol le chante. C’est dans l’inconscient collectif, c’est comme ça. Ceux qui vous prétendront le contraire sont des jaloux et des menteurs. De même que ceux qui vous jurent depuis toujours qu’ils ne se marieront jamais finiront la bague au doigt, c’est une certitude. Cela dit, des alternatives sont possibles : si une cohabitation légale sonne certes nettement moins glams, elle aura au moins l’avantage de vous faire passer pour des adultes responsables aux yeux de vos parents, là où un PACS fait nettement plus brouillon (surtout aux yeux de la tante Gisèle) même s’il est aujourd’hui bien toléré par la société. Bienvenue dans le XXIème siècle, ouf. Enfin, le sommet de la ringardise reviendrait à dire que vous vivez en concubinage. S’il vous plaît, évitez ça. Parlez en terme de conjoint,  d’amoureux, de chouchou, mais pas de concubin. Adieu votre concubin.

3° Etre propriétaire. D’un appart, grand minimum. D’une maison 3 façades, si possible. Si vous arrivez à vous payer une maison 4 façades,  considérez que vous faites partie de l’élite. Enfin, acquérez une maison 4 façades dans le Brabant Wallon, et vous êtes le roi du monde. Un roitelet certes, mais un roi quand même. Tant que vous avez votre palissade de bois entourant votre lopin de terre, c'est bon. Charles Ingalls n’a plus qu'à aller se raser les poils de torse. Quoi ? Qu’entends-je ? La c….la crise, vous me dites ? La flambée des prix de l’immobilier ? Mais quel rabat-joie vous faites !! Les briques, la terre, c’est un investissement solide, ça !! Pas moyen ? Bon, ben, à 30 ans, essayez alors au moins d’être passé une fois chez le notaire, que ça soit pour acheter un bien, fonder une société ou vous marier,….mais s’il vous plaît, pas pour divorcer. Gardez ce petit plaisir pour vos 35 ans.

4° Avoir un enfant. Ou plus. Surtout si vous être propriétaire d’une maison. Parce qu’il faut bien la remplir. Et que le chien, c’est dépassé. Ben oui, l’animal de compagnie n’est plus tendance. C’est trop cher et ça cause trop d’emmerdes quand on veut partir en vacances. Et quand on est trentenaire, on en a besoin, de vacances, et si possible loin, très loin de cette morne Belgique. Et avec RyanAir, plus besoin de remplir le point 5 (v. plus bas) pour pouvoir se le permettre. Contrairement au chien, les enfants, on peut les prendre assez facilement dans l’avion, et ils ne voyagent pas en soute (ou alors ça d’vient glauque). Puis ça permet de remplir notre profil Facebook, parce qu’à 30 ans, on n’a plus le temps ni l’énergie d’aller à des concerts, ni de voir des films, à peine de suivre l’actualité, du coup on n’a plus rien à partager sur notre wall ou celui des autres. Alors qu’avec des enfants, plus d’angoisse de la page blanche : on a des ceeeeentaines de mmmiiillliiards de clichés et d’anecdotes à partager avec nos amis proches et moins proches. Pour ceux qui répondent aux critères du  point 2, ça permet également de remplir les cadres Sia reçus lors des noces.

5° Avoir un CDI temps-plein (ou être indépendant, mais un vrai indépendant, pas un freelance ni un complémentaire). De même que pour le point 1 : peu importe lequel. A 30 ans, on bosse, on trime. Qu’on aime pas trop ce que l’on fait ou qu’on doute encore que ce métier nous convienne n’a finalement que peu d’importance. De toute manière, c’est trop tard. Ce qui compte, c’est la stabilité de l’emploi, d’être un bon père de famille pour vos enfants avec qui vous passez moins d’une heure par jour (58 minutes pour les femmes,  28 pour les hommes, cfr : http://www.enseignons.be/actualites/2011/03/30/passe-moins-une-heure-jour-enfants/ ) et d’avoir une réponse à fournir à la question récurrente qu’il vous est généralement posée en premier lors de mondanités, à savoir « Et vous faites quoi dans la vie ? », comme si un être humain se résumait uniquement à son job. De toute manière, les rêves, c’était bon quand vous aviez vingt ans. Maintenant, faites avec ce que vous avez, vous aviez qu’à bosser au lieu de boire des bières toute la journée.

6° Avoir une voiture. De société ou privée, les deux sont bien (bien que dans la conjoncture actuelle, c'est pas si sûr en fait……). Cela constitue de toute manière un signe extérieur de richesse et de maturité, et c’est ce qui compte. Avoir une voiture, c’est s’assumer, être autonome, payer des taxes, polluer, marquer son empreinte sur cette terre. La voiture (pourvu que vous remplissiez bien les points 4 et 5) vous pouvez y caser jusqu’à 5 enfants plus un Golden Retriever. Mais évitez d’y faire pendre des sapins magiques et d’y coller des autocollants Walibi. Si vous ne remplissez pas le point 4, choisissez la citadine. A défaut d’être un bon père de famille, vous serez un citoyen responsable. Vous n'allez pas encombrer la route avec une voiture 5 places alors que vous êtes seul non mais!! Y a déjà assez de problèmes de parking et de circulation comme ça. Le bus ? C’est bon pour les teenagers à IPod.

7° Avoir une épargne pension. Ben oui parce que quand on est trentenaire on est déjà un peu vieux, et puis, comme pour le point 2,  parce que cela montre à nos parents qu’on se comporte en bon père de famille (décidemment les maîtres-mots du trentenaire, qu’on ait des enfants ou non).

8° Avoir déjà reçu plus de 2 personnes à manger à la fois. Alors attention que les choses soient claires : on parle bien ici de servir un repas (réussi, si possible) entrée-plat-dessert concocté par vos soins, pas de boulotter du fromage en flutant du Riesling ou de le faire fondre de diverses manières lors de soirées frisquettes. On ne parle pas non plus de pendaisons de crémaillère. Ici, l’argument 1 bière=1 tartine n’est pas valable. S’il s’agit de membres de la génération supérieure c’est bien, le must étant de recevoir son patron ou celui de son conjoint. Et ce dans un service non dépareillé.

9° Etre abonné à un quotidien d’information générale. A 30 ans on se tient informé. On fait partie du monde, on a un rôle à y jouer, ne pas se tenir au courant de se qu’il s’y passe relèverait de l’inconscience. Mais attention, à 30 ans, on lit la presse papier. Parce qu’on a toujours un pied dans les années 90, et qu’on se sent plus proche de Gutenberg que de Zuckerberg. On aime à humer l’odeur du journal et de l’encre fraîche au petit matin, dès le saut du lit. Qui le lit en sirotant sa tasse de café, reproduit le geste traditionnel transmis par ses parents. Qui le lit dans le train (en bon trentenaire écolo-bobo qui ne remplirait pas le point 6°) affiche son appartenance à l’intelligentsia bleu-blanc-belge. Enfin, qui n’a pas d’idée pour la Noël peut toujours bien se faire voir de belle-maman en demandant un abonnement à La Libre ou au Courrier, voire, pour les plus audacieux, au Monde 2. Très chic. (Notez que si c'est vous qui avez pioché belle-maman, vous préférerez l’Eventail ou le Déco Idées.). 

10° Alors pour le point 10, j’hésite entre : être allé à l’opéra, avoir regardé le débat de Mise au point en entier (et sans gueule de bois), avoir acheté un meuble ailleurs que chez Ikéa, avoir une carte Visa, avoir un abonnement à la Cinémathèque ou à une salle de sport ou à un cycle de conférences, avoir un Golden Retriever (seulement si on a des enfants), être allé chez le psy (très chic), posséder la Carte Delhaize ou Belgique Loisirs, avoir organisé une soirée Tupperware (cfr. épisodes précédents….)

samedi 18 février 2012

Episode XI : Dora, Babouche, le merchandising et moi

Avant d’être mère de famille, j’étais blindée de grands principes sur l’éducation des enfants : mon enfant n’aura jamais de tutute (ben oui, ça nuit à l’apprentissage du langage, bande d’inconscients !!), mon enfant ne mangera pas de bonbons avant ses 3 ans (vous voulez que j’en fasse un obèse ou quoi ?), mon enfant ne regardera pas la télé avant d’aller à l’école (« Ca fatigue leurs petits yeux!! », m’a dit Madame Lucette), et surtout, règle number one, pierre angulaire de toute pédagogie qui se respecte : jamais - au grand jamais ! - mon enfant ne regardera Dora l’exploratrice. En effet, quand on n’est pas (encore) parent, on ne peut qu’être déconcerté par cette petite fille aux yeux globuleux que la vie s’amuse  à mettre sur notre chemin, tantôt au supermarché, sur une boîte de biscuits, tantôt à la librairie, sur un livre de jeux spécial vacances « J’apprends à lire et à écrire avec Dora ! » (ça donne froid dans le dos), ou encore sur Nickelodeon, lieu qu’elle n’aurait jamais du quitter, finalement !! Quand je pense que certains arrivent à enfermer des pauvres gamines dans des télévisions (que tous ceux qui n’ont pas vu Poltergeist filent vite à la vidéothèque la plus proche rattraper ça !! Ah ben non, ça n’existe plus, les vidéothèques, et MegaUpload non plus. Bah, achetez le bouquin, c’est bien aussi.), et que personne n’a réussi à y séquestrer la bande à Dora !! Au lieu de ça, cette petite écervelée se balade librement dans tout établissement à visée commerciale qui se respecte, vampirisant nos enfants, anesthésiant leur esprit critique, ruinant notre portefeuille, tout ça par je ne sais quelle technique digne du KGB (Imagerie subliminale ? Principe d’hypnose redoutable ? La clef du mystère se trouvant peut-être dans ce regard bovin…. ), sûre de ne jamais se perdre grâce à sa carte infaillible à faire pâlir de jalousie les sociétés Tom-Tom et Garmin réunies.


Pour en revenir aux grands principes sur la manière d’élever correctement un enfant, il faut savoir qu’ils disparaissent généralement dès la naissance du premier, avant même que le reste de cordon ombilical ne soit tombé. Monsieur Hulot a été sommé de braquer la première pharmacie de garde qu’il trouverait pour acheter un bouchon à bébé hurlant, et à peine deux ans plus tard, ma fille mangeait des bonbons en regardant la télé avant d’aller à la crèche. Rien de tel qu’un bon DVD pour arriver à s’habiller dans les temps de manière plus ou moins admise par notre société. En revanche, j’ai mis un point d’honneur à tout mettre en œuvre pour ne pas faillir à mon dernier grand principe éducationnel. Neeeee vous réjouissez pas trop vite, vous qui pensez que j’ai tenu bon face à cette gourou en bermuda orange !! Vous pensez vraiment qu’il suffit de vouloir que votre enfant n’entre pas en contact avec Dora pour que ça soit le cas? Bien sûr que non, bande de petits naïfs! Si votre enfant ne va pas à Dora, c’est Dora qui ira à lui. Votre vigilance aura beau être sans faille,  la contagion s’opèrera à une vitesse V, V’. Le virus Ebola, à côté, c’est un rhume des foins. Et voilà donc qu’un jour, vous vous rendez compte que le loup est dans la bergerie, que l’exploratrice a colonisé votre foyer. Vous êtes là, en train de faire tranquillement la cuisine (ou en train de regarder tranquillement une émission de cuisine, c'est selon), quand tout à coup, vous apercevez deux grands yeux qui vous jettent un regard torve, depuis une innocente photocopie ramenée de la garderie. La transmission s’est manifestement faite par cartable : aaahhh l’école, lieu de tous les apprentissages mais également de toutes les perversions. Bien vite, les photocopies sont remplacées par des livres de coloriage et des DVD's, et en moins de temps qu’il ne faut pour dire 3 fois « Chippeur, arrête de chipper !», votre nid douillet est infesté d’icônes de la petite hispano-américaine, de singes malfaisants et de renards à l’œil lubrique. Et moi qui étais si fière d’avoir tenu bon. Si j’avais bien réussi à laisser porte close aux envahisseurs d’Outre-Manche, cette bande de joyeux drilles au nom pourtant très belgo-belge –TeleTubbies ! - (car il n’y a rien qui ne me mette plus mal à l’aise qu’un épisode des TeleTubbies, à part peut-être les pubs de vérandas), avec plus d’acharnement que je ne l’aurais fait envers des Témoins de Jéhovah, je n’ai rien pu faire contre Dora. Si entendre la voix nasillarde de la fillette au hasard d’un zapping avait pu engendrer à l’époque de mon adulescence quelque petit sourire, voire quelque attendrissement de ma part (« Ooooh, elle parle anglais, c’est mignon ! »), une fois forcée de la subir au quotidien (lendemains de veille compris), plus aucun argument ne pouvait venir à la rescousse de cette créature. Et pourtant, des arguments, j’en ai entendus. Premier d’entre eux : c’est interactif, donc pédagogique! Je suis désolée, mais avec la manière qu’a Dora de formuler ses questions, si ton enfant répond à côté de la plaque, il y a lieu de s’inquiéter. Le temps de réflexion laissé au petit interlocuteur passif (euh, pardon, semi-passif) devant son écran est d’ailleurs assez long pour qu’il aille chercher la réponse sur Google (et s'envoie au passage un paquet de Cent-Wafers à l’effigie de la fillette). L’autre jour, en pleine discussion au téléphone avec ma fille, voici qu’elle se met à beugler dans le cornet : TRIANGLE JAUNE !! La pauvre petite est frappée de démence, je pense. Ben non, elle était sous hypnose, elle n’y pouvait pas grand-chose. En tout cas, c’est dans ce genre de moments de l’intrigue que je me dis qu’ils se foulent vraiment pas au niveau du graphisme. Durant cette interminable attente de réponse, Dora et ses suppôts doivent à tout casser cligner 2 fois des yeux. On dirait que le dessin animé est réalisé en stop motion mais que les dessinateurs ont droit à un nombre limité d’images. En saquant dans le budget images (surestimant de ce fait quelque peu le pouvoir de la persistance rétinienne), ils peuvent augmenter le budget LSD et champis, ceci expliquant cela, cela expliquant ceci. Enfin, dites-moi si je me trompe, mais l’enfant qui ne répond pas à la question (par exemple parce qu’il est au téléphone avec sa maman) et qui voit son silence récompensé d’un « Veryyyy good !! », c’est vraiment pédagogique ça ? Heureusement, l’enfant est tellement sous hypnose qu’il ne s’en rend pas compte….. Le pire, c'est que Dora a fait des émules, tout le monde s'y met, à l'interactivité, même Mickey. Juste pour info, niveau interactivité, y a des chouettes trucs qui existent, ça s’appelle des livres ou des jeux de société. Bon, évidemment, il faut que ce soit l’adulte ou un autre enfant qui interagisse, et ça, c’est plus chaud boulette.

Deuxième argument de la défense : « Ils apprennent les langues, c’est extra !! ». Bon alors, que les choses soient claires. Je défends avec ferveur la multiculturalité, le métissage, le brassage des peuples, la mixité. Je suis pour l’immersion, ou l’emploi d’une double langue à la maison, et ce dès le plus jeune âge, je trouve ça admirable…. si c’est voulu, si c’est un souhait des parents. Mais qu’on foute la paix à ceux qui n’ont rien demandé !! Parce que ok, Dora qui parle anglais, c’est bien, mais ajoutez à ça d’autres dessins animés comme Manny et ses outils, où des marteaux et des clefs de 12 parlent espagnol, et bonjour la confusion !! Je ne sais pas ce que ça peut donner sur un enfant qui ne maîtrise pas encore sa propre langue.  Vraiment, je ne sais pas, la question est ouverte. En tout cas, croire que l’argent engrangé par le merchandising Dora reviendrait à payer une méga team de pédagogues, pédo-psys, et autres linguistes serait légèrement naïf (rapport au budget champis, toujours). Et donc, si je veux apprendre les langues à mes enfants, j’aimerais avoir la liberté de le faire comme bon me semble, grâce à des personnes qui ont fait leur preuve !!

J’arrête là pour les arguments de la défense. Pour ceux de l’accusation, j’ajouterais encore la pauvreté du scénario, réduisant au strict minimum le schéma de Propp, que je trouve de surcroît foutrement manichéen (mais bon, il paraît que les enfants de cet âge ont besoin de ça, d’une bonne morale façon Ned Flanders ou La fête à la maison, pour ensuite, seulement bien plus tard, s’intéresser à des personnages à la palette de sentiments plus fournie. )

Mais de toute manière, il est trop tard. Monsieur Hulot qui combattait initialement à mes côtés a lui aussi été contaminé, et ne cesse de revenir du supermarché en annonçant avec un regard bovin qu’il a trouvé le truc pour faire manger des céréales à notre fille, dégainant avec fierté une boîte de Kellogg’s aux tons mauvasses, portant fièrement les couleurs de leur nouvelle égérie à la coupe Mireille Mathieu. Et encore, ce n’est qu’un début. Une fois la boîte de Pandore(/a) ouverte, impossible de stopper l’hémorragie. La doramania terminée (si c’est possible, mais je commence à en douter, car je pense que la pathologie est chronique), place à Hello Kitty et à Mega Mindy, mais celles-ci feront peut-être l’objet d’un prochain épisode…. Je vous laisse, je-dois-aller-lire-sur-le-champ-Dora-et-la-princesse-des-mers-à-ma-fille-tout-de-suite-maintenant-c’est-bien-Dora-Yes-we-did-it !!