dimanche 22 juillet 2012

Episode XX: 7 observations sur le trentenaire en festival


1° A 30 ans passés, le festivalier n'a plus deux mois de vacances à consacrer à ces manifestations musicales youkou-grungi-punks. Disons que ce n'est plus sa priorité. C'est pourquoi il se devra de faire un choix entre le pass de 4 jours pour son festival fétiche (quand les enfants sont chez les grands-parents) ou les pass 1 jour plic-ploc. Evidemment, comme il doit garder un peu d'argent de poche pour ses vacances à Port Grimaud, le trentenaire essaiera de gagner ses places sur PureFM, puisque c'est également par cette voie qu'il s'est construit sa culture musicale. La boucle est bouclée.

2° Werchter et Dour, c'est terminé. Le festivalier trentenaire préfère évidemment les événements familiaux, comme Couleur Café, le LaSemo, Esperanzah, l'Inc'Rock ou encore le Ronquières Festival, où il peut conjuguer judéo-chrétienté et sentiment de jeunesse éternelle. Comment? En se saoulant, mais à la bière 100% houblon bio et en évacuant le tout dans des toilettes-litière dont l'odeur, telle une Madeleine de Proust nauséabonde lui revenant dans le pif à chaque passage, lui rappelle la cage de Michou, le hamster de Sibérie de son enfance, quand il omettait de la changer pendant 3 semaines. Et en cultivant sa fibre rock altermondialiste avec le mouflet dans le Baby-Björn. S'il veut se délecter de scène électro ou hardcore, il devra désormais passer par Sylvestre Defontaine, qu'il écoutera avec une frustration non-dissimulée, depuis sa terrasse fraîchement pavée ("....par un polonais trop efficace, je te filerai son numéro") où il sirote sa tisane au jasmin en feuilletant ses vieux albums renfermant les photos de cette époque bénie, comme son père le faisait jadis avec ses clichés de Woodstock.

3° Le festivalier trentenaire n'a pas peur du qu'en-dira-t-on. S'il a envie d'emmener ses enfants en festival, il emmène ses enfants en festival. Et s'expose de ce fait au jugement des non-parents qui penseront "Putain, qu'est-ce qu'il a besoin d'emmener son gosse ici?"et à celui des parents qui penseront: "Putain, qu'est-ce qu'il a besoin d'emmener son gosse ici?". Plus rarement, le port de l'enfant sur les épaules lui attirera sourires attendris (Oooohhh un petit enfant avec des toutes petites bottes. Qu'il est mignon avec son gros casque. Ah ça, c'est responsable. Chapeau les parents!!) et regards d'admiration ("Waouw, ça c'est un chouette papa, d'en faire profiter son fiston et de lui forger dès le plus jeune âge une solide culture musicale. Merde, je savais que j'aurais du emmener Oscar. M'en veux, maintenant!!" mais aussi "Putain, qu'est-ce qu'il doit se faire chier, je pourrais pas....."). Le sac à dos du festivalier trentenaire muni d'un enfant contient donc généralement quelques langes et un paquet de lingettes, qui ne fermera plus après le festival à cause du tabac échappé de son paquet d'Amsterdammer acheté pour l'occasion/ le délire (Rappelez-vous, le trentenaire est un fumeur mondain), venu se déposer sur la languette collante.


4° Le trentenaire en festival ne se roule plus dans la fange. A son âge, la seule manière d'entrer en communion avec la nature encore tolérée est de souscrire un abonnement aux paniers bio (v. Episode VI) ou d'acheter ses cosmétiques chez BodyShop. Il évite un maximum tout contact avec les éléments. C'est pour ça qu'il est évidemment hors de question d'opter pour l'emboîtement de tentes dans le Tetris géant qui fait office de camping. Bon, pour la boue, heureusement, la botte en caoutchouc est aujourd'hui trendy, offrant un vaste choix de motifs so fantaisistes. Ce qui offre aussi à la trentenaire qui a l'audace de délaisser ses bottes Aigle pour des bottes fushias imprimées grosses fleurs le sentiment d'être un peu déconneuse. Bon, certes moins que les nymphettes fans de Marilyn Manson qui patientent devant les Cathy Cabine. Elle, à côté, c'est Geneviève de Fontenay.

5° Toujours dans ce souci de responsabilité, d'écologie mais également de pratico-praticité (?), le festivalier trentenaire ne se saoule pas systématiquement. Souvent, il est Bob, et doit ramener ses vieux amis dans sa Citroën Picasso. Il préférera donc les gobelets classiques aux grandes cruches, mais ne l'attachera pas autour du cou.

6° Le festivalier trentenaire est un peu mal pris. Il doit avoir l'air jeune, mais pas trop. Un erreur de camouflage fréquemment commise est d'affubler son sac à dos Eastpack de divers badges (ce qui est bien), dont celui du parti politique dont il figure sur la liste communale, celui de sa banque ou celui qu'il a reçu lors d'un teambuilding aux Grottes de Han (ce qui est moins bien). Il se vexe quand on l'appelle Monsieur mais s'insurge contre la jeune ado qui a le malheur de faire un coma éthilique à ses pieds (ces jeunes quand même....)

7° Le trentenaire en festival retire évidemment son bracelet instantanément une fois le portique de sortie franchi. (v. Episode XIII). C'est plus un ado quand même, puis ça ne la fait pas pour recevoir un client. En plus c'est bourré de microbes, ces trucs. Bien sûr, il doit conserver la preuve qu'il a bien assisté à cet événement, pour pouvoir s'en vanter auprès de ses amis trentenaires ringards. Pour ça, il y a toutes les vidéos prises sur son IPhone (qu'il a entre parenthèses pu recharger grâce aux bornes Mobistar tout au long du festival, et rester par ce biais en contact avec belle-maman qui gardait les enfants) et les innombrables photos dont il réservera la meilleure pour la désigner comme photo de journal sur sa page Facebook
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