Voici une petite réflexion qui fera quelque peu écho à l’épisode V, dans
lequel je faisais part de mon malaise de trentenaire vis-à-vis des autres
trentenaires. J’y décrivais notamment cet état d’embarras dans lequel il
m’arrivait de m’engluer lorsque l’adulescente que je suis me retrouve
confrontée à des trentenaires qui s’assument, telle une Moldue qui débarquerait
à Poudlard sans avoir lu au préalable les bouquins de J.K. Rowling, et qui s’y
taperait la te-hon pour y avoir emmené un yorkshire à la place d’un harfang. Je parle donc bien des
trentenaires qui ont parfaitement réussi leur mutation, là où une fille
comme moi est plutôt du genre à s’emmêler les pinceaux façon Seth Brundle* (oui,
encore lui !), soit le genre de fille qui elle aussi ne vérifierait pas
qu’il n’y ait pas de mouche dans sa cabine de téléportation avant d’enclencher
le processus, ou encore, le genre de fille qui cache une peau de lézard et des
pupilles fendues sous son masque d’être humain. Bref, une créature hybride,
mutante qui ne trouve pas sa place parmi les siens. Mais trève d’apitoiement,
je me suis assez épanchée là-dessus dans les premiers épisodes et, une fois de
plus, tout ça ne nous rendra pas les années 90 !
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La personne a du poil au menton.
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La personne sent le parfum (ou la transe).
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La personne a une pomme d’Adam.
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La personne vous parle en contre-plongée.
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La personne a du blanc au bout de ses ongles
vernis.
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La personne a les cheveux blancs.
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La personne conduit une voiture.
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La personne vous fait des poutoux dans l’oreille.
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La personne a une carte qui lui permet de
recevoir des sous.
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La personne vous parle comme si vous étiez un
demeuré.
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La personne ne vous écoute pas.
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Etc, etc.
Mais voilà que les années passent, et plus elles passent, plus nombreux
sont les critères que vous aussi, vous remplissez, et plus nombreux sont
également les gens qui les remplissent autour de vous. Ces critères ne sont
plus gage de l’ancienneté de la personne par rapport à vous. Et puis, à une époque où baby-poufs
et femmes-cougars se livrent un combat sans merci, où les teenageuses veulent devenir des femmes avant que leur horloge biologique leur en ait même donné le
signal (mais non je ne suis pas une vieille ring’ !) et où les MILF’s** ont
la cote, comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Dans ce joyeux bordel où le slogan « L’âge ? C’est dans la
tête ! Gnihinhin » est sur toutes les lèvres siliconées, comment
savoir qui vouvoyer et qui tutoyer ? Et, pour en revenir à la relation
trentenaire-trentenaire, le plus embarrassant n'est-il pas, finalement, lorsque l'on
est sûr que l’âge de la personne est légèrement inférieur ou égal au nôtre? Ainsi, sous prétexte qu’elle est devenue dermato, vous n’osez plus tutoyer Mélissa.
Ouuiii, le petite Mélissa, celle qui a connu ses heures de gloire les nombreuses fois
où sa mère oubliait de lui mettre une culotte pour aller à l’école, et avec qui
vous passiez des heures à jouer aux Petits Poneys. Aujourd’hui, vous lui donnez
du « vous », et du « Docteur », alors que vous savez pertinemment
que vous avez le même âge !! Et quel malaise lorsque, dans vos relations
de boulot, vous vous faites violence pour rédiger un courrier hyper officiel, à
grand renfort de formules de politesse pompeuses et hypocrites, alors que votre
destinataire et vous-mêmes avez déjà commenté une photo identique sur Facebook, pour
la simple et bonne raison qu’elle avait été prise lors d’une fête où vous étiez
toutes les deux, aussi bourrées l’une que l’autre. Quel inconfort, encore, que de vouvoyer l’instit de votre fille de 10 ans votre cadette, diffusant encore des
relents de vômi de ses déboires estudiantins, ou le chef baladin de votre
fiston, sous prétexte qu’il est majeur. C’était déjà la déprime que ceux-là vous
vouvoient, mais que vous, vous vous deviez de leur rendre la pareille....quelle gifle! Et oui! Car cela signifie simplement que vous êtes devenu tellement vieux que même ceux que vous considérez comme jeunes sont vieux! Quel moment
pénible enfin que celui dont on ne voit pas la fin, alors que l’on converse avec un
inconnu de notre âge, et que les « vous » nous écorchent les cordes
vocales à chaque début de phrase, et qu’on attend en vain le moment où l’autre nous
demandera, avec un soupçon de gêne : « Dites,
on s’tutoierait pas ? » Mais, le pire, finalement, n’est-ce pas
quand c’est de la bouche d’une personne
du troisième âge que provient ce type de requête ? C’est là que, définitivement,
je regrette de ne pas être née dans un pays anglo-saxon…..