
7H30. Mon
radio-réveil sonne.
« What’s in your
head ? In your head-hea-hea-head… »…. Dolores O’Riordan se fait
couper la chique par une pub pour le
Palladium
à Baisy-Thy. Je me rendors….. «
Woo-hoo,
but you know I'm yours. Woo-hoo, and I know you're mine. Woo-hoo, and that's
for all of time…. ». Cette fois, c’est
à
Weezer, le nouveau groupe
du
moment, qu’incombe la délicate tâche de tirer hors de la couette l’invertébrée
belliqueuse que je suis. Bruits d’une porte qu’on essaie d’ouvrir, pour ne pas
dire défoncer. "
MMMmmmmmm….." En tant qu’affreuse ado asociale trop mal dans
sa peau acnéique pour être en mesure de communiquer avec les membres de sa
famille, j’avais pris soin de fermer la porte à clef avant d’aller me coucher.
Autre objectif de la manœuvre : empêcher mes parents de me surprendre en
train d’écouter
Lovin’Fun, telle une
résistante qui se planquerait pour suivre depuis sa cave
« Les Français parlent aux Français ». Je m’étais donc
endormie au son de cette émission bon
enfant, bercée par le récit des divers problèmes d’herpès génital, de points
noirs disgrâcieux, d’éjaculation précoce embarrassante, de corps spongieux défectueux, de prépuce récalcitrant et autres considérations sur la fellation évoquées
par la patientèle de Doc et Difool.
« Perrrriiiinnneeee !! Lève-toi, il est 7H40, on est à la
boooouruuure !! », aboie ma sœur en martelant sur la porte, faisant
exécuter malgré eux une danse du ventre aux bedons concaves des mannequins de
mon poster
CKOne.
Prise de conscience
soudaine de ma part, alors que l’image qui se forme sur ma rétine représente un
schéma des différents types d’érosion du sol que l’on rencontre en milieu
montagneux. Page 52 de mon manuel de géographie, sur lequel j’ai bavé toute la
nuit. Horreur : j’ai bilan de géo ce matin !! J’ai bien tenté
d’étudier, mais j’avoue que les problèmes anatomiques d’un certain Sullivan (suite
à une expérience vécue avec la petite sœur de son meilleur pote, qui lui avait
demandé de réaliser des prouesses physiques que même l’Homme de Vitruve, il
devrait se démembrer pour les réaliser….) avaient eu raison de ma concentration
et fait détourner mon attention de ceux nettement moins intéressants que
rencontraient les habitants des Hautes-Pyrénées en période de décrue. Je me lève d’un bond, saute sous la douche,
m’enduis le visage de différentes lotions ayant toutes pour vertu d’assainir
une peau en proie à des invasions de sébum (
Eau
Précieuse, Clearasil, et j’en passe), j’enfile mon jean
Levi’s 501 dont j’ai du mal à fermer le
dernier bouton (au-dessus de la taille 28-32, toute fille qui osait porter le
jean légendaire se faisait bannir du collège, sous la huée et les quolibets de
ses copines semi-anorexiques), mes
Dr
Martens, la chemise à carreaux de mon père, que j’avais faite mienne et qui
m’arrivait aux genoux, et le pull
Benetton
élargi volontairement afin qu’il ressemble à un grand sac en toile de jute,
seyant, très seyant. Je passe la demi-heure suivante à relire le chapitre sur
la stratosphère, prise en sandwich entre mon voisin qui pratiquait la coupe
rasta et avait pour cause décidé il y a trois semaines de cela de ne plus se laver
les cheveux, et ma sœur qui écoutait
une cassette de
Suede dans son walkman (que lui avait enregistrée son boyfriend), pour ne pas avoir à subir l’intégrale de Sylvie
Vartan, diffusée plein tube et en boucle par notre pilote du jour, à savoir
notre voisine cougar, dont on n’a jamais su si la coupe out of bed était
souhaitée ou non, et qui s’envoyait des
Boules
d’Or de grand matin, toutes fenêtres fermées. Débarquement de toute la
troupe devant la grille du collège et arrivée au pas de course dans la classe
alors que les copies de géo attendent déjà sur les bancs. Je ne m’en sors
finalement pas trop mal, grâce aux
copions rédigés avec soin entre deux dédicaces de mes super meilleures amies
sur la toile de mon plumier
Waïkiki.
La journée se passe, entre grillage de cigarettes au nez et à la barbe des
éducs, engloutissement de
LilaPause, de
Yes et de
Boules de feu, récit du dernier épisode
de
Melrose Place pour ceux qui n’ont
pas la télédis’ (celui où Kimberley pète un câble et tente d’assassiner Michael
Mancini), trafic de VHS pour rattraper ça le soir, cotation et classement des "plus beaux culs du collège", et compte-rendu de la
dernière soirée au
Placet à
Louvain-La-Neuve, où Jérôme a roulé une pelle à Caroline sur
We love you de
Bon Jovi avant de vomir sur
elle l’entièreté d’une bouteille de
Liebfraumilch
et son
Joker du
Goldway à peine digéré. Le soir, je déserte l’assemblée
familiale réunie devant
Double 7 pour
ne pas manquer une miette de
Lovin’Fun, tout
en retranscrivant avant de les oublier mes dernières mésaventures amoureuses
dans mon journal intime, customisé par des autocollants
Kookaï et d'autres à l'effigie de Dave Gahan. C’est finalement au son des voix
parigo-hystériques de Julie et Génie que je m’assoupirai. Le réveil sonne. Non,
ce n’est pas le réveil. C’est une longue plainte entrecoupée de sanglots. Qu’est-ce
que c’est ? On dirait le pleur d’un jeune enfant. Ah merde, un jeune
enfant !! J’en ai un, je crois !! Non, j’en ai deux !! Je me
lève d’un bond, alors que le radio-réveil se déclenche. «
…Et restez avec
nous, juste après la pub, le close up de Sébastien Ministru, et puis des places
à gagner pour le concert des Vismets
à l’AB
….. ». Je manque d'entrer en collision avec une vieille dame, mais bien vite je me rends compte qu’il s’agit....de mon
reflet dans le miroir. Ca y est, ça me revient, j’ai 31 ans, deux enfants, une maison et un
mari. Welcome back in the 2010’s, tout ceci n’était qu’un doux songe…. »
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAu fond, Doc et Difool étaient un peu les Rudy Léonet et Hugues Dayez de l'époque/du sexe....
RépondreSupprimer31 ans??? :-)
RépondreSupprimerOui oui, Perrine Pan a 31 ans....Au début du blog, elle en a 30, mais elle a eu 31 récemment, moui enfin.....
RépondreSupprimerles lila pause!!!!!!! c'était booooooon !!!!!!!!!:-)
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