mardi 12 juin 2012

Episode XVIII : I had a dream (Where I woke up in the nineties….)….


7H30. Mon radio-réveil sonne. « What’s in your head ? In your head-hea-hea-head… »…. Dolores O’Riordan se fait couper la chique par une pub pour le Palladium à Baisy-Thy. Je me rendors….. « Woo-hoo, but you know I'm yours. Woo-hoo, and I know you're mine. Woo-hoo, and that's for all of time…. ». Cette fois, c’est  à Weezer, le nouveau groupe du moment, qu’incombe la délicate tâche de tirer hors de la couette l’invertébrée belliqueuse que je suis. Bruits d’une porte qu’on essaie d’ouvrir, pour ne pas dire défoncer. "MMMmmmmmm….."  En tant qu’affreuse ado asociale trop mal dans sa peau acnéique pour être en mesure de communiquer avec les membres de sa famille, j’avais pris soin de fermer la porte à clef avant d’aller me coucher. Autre objectif de la manœuvre : empêcher mes parents de me surprendre en train d’écouter Lovin’Fun, telle une résistante qui se planquerait pour suivre depuis sa cave « Les Français parlent aux Français ». Je m’étais donc endormie au son de cette émission bon enfant, bercée par le récit des divers problèmes d’herpès génital, de points noirs disgrâcieux, d’éjaculation précoce embarrassante, de corps spongieux défectueux, de prépuce récalcitrant et autres considérations sur la fellation évoquées par la patientèle de Doc et Difool. « Perrrriiiinnneeee !! Lève-toi, il est 7H40, on est à la boooouruuure !! », aboie ma sœur en martelant sur la porte, faisant exécuter malgré eux une danse du ventre aux bedons concaves des mannequins de mon poster CKOne.  Prise de conscience soudaine de ma part, alors que l’image qui se forme sur ma rétine représente un schéma des différents types d’érosion du sol que l’on rencontre en milieu montagneux. Page 52 de mon manuel de géographie, sur lequel j’ai bavé toute la nuit. Horreur : j’ai bilan de géo ce matin !! J’ai bien tenté d’étudier, mais j’avoue que les problèmes anatomiques d’un certain Sullivan (suite à une expérience vécue avec la petite sœur de son meilleur pote, qui lui avait demandé de réaliser des prouesses physiques que même l’Homme de Vitruve, il devrait se démembrer pour les réaliser….) avaient eu raison de ma concentration et fait détourner mon attention de ceux nettement moins intéressants que rencontraient les habitants des Hautes-Pyrénées en période de décrue.  Je me lève d’un bond, saute sous la douche, m’enduis le visage de différentes lotions ayant toutes pour vertu d’assainir une peau en proie à des invasions de sébum (Eau Précieuse, Clearasil, et j’en passe), j’enfile mon jean Levi’s 501 dont j’ai du mal à fermer le dernier bouton (au-dessus de la taille 28-32, toute fille qui osait porter le jean légendaire se faisait bannir du collège, sous la huée et les quolibets de ses copines semi-anorexiques), mes Dr Martens, la chemise à carreaux de mon père, que j’avais faite mienne et qui m’arrivait aux genoux, et le pull Benetton élargi volontairement afin qu’il ressemble à un grand sac en toile de jute, seyant, très seyant. Je passe la demi-heure suivante à relire le chapitre sur la stratosphère, prise en sandwich entre mon voisin qui pratiquait la coupe rasta et avait pour cause décidé il y a trois semaines de cela de ne plus se laver les cheveux, et ma sœur qui écoutait une cassette de Suede dans son walkman (que lui avait enregistrée son boyfriend), pour ne pas avoir à subir l’intégrale de Sylvie Vartan, diffusée plein tube et en boucle par notre pilote du jour, à savoir notre voisine cougar, dont on n’a jamais su si la coupe out of bed était souhaitée ou non, et qui s’envoyait des Boules d’Or de grand matin, toutes fenêtres fermées. Débarquement de toute la troupe devant la grille du collège et arrivée au pas de course dans la classe alors que les copies de géo attendent déjà sur les bancs. Je ne m’en sors finalement pas trop mal, grâce aux copions rédigés avec soin entre deux dédicaces de mes super meilleures amies sur la toile de mon plumier Waïkiki. La journée se passe, entre grillage de cigarettes au nez et à la barbe des éducs, engloutissement de LilaPause, de Yes et de Boules de feu, récit du dernier épisode de Melrose Place pour ceux qui n’ont pas la télédis’ (celui où Kimberley pète un câble et tente d’assassiner Michael Mancini), trafic de VHS pour rattraper ça le soir, cotation et classement des "plus beaux culs du collège", et compte-rendu de la dernière soirée au Placet à Louvain-La-Neuve, où Jérôme a roulé une pelle à Caroline sur We love you de Bon Jovi avant de vomir sur elle l’entièreté d’une bouteille de Liebfraumilch et son Joker du Goldway à peine digéré. Le soir, je déserte l’assemblée familiale réunie devant Double 7 pour ne pas manquer une miette de Lovin’Fun, tout en retranscrivant avant de les oublier mes dernières mésaventures amoureuses dans mon journal intime, customisé par des autocollants Kookaï et d'autres à l'effigie de Dave Gahan. C’est finalement au son des voix parigo-hystériques de Julie et Génie que je m’assoupirai. Le réveil sonne. Non, ce n’est pas le réveil. C’est une longue plainte entrecoupée de sanglots. Qu’est-ce que c’est ? On dirait le pleur d’un jeune enfant. Ah merde, un jeune enfant !! J’en ai un, je crois !! Non, j’en ai deux !! Je me lève d’un bond, alors que le radio-réveil se déclenche. « …Et restez avec nous, juste après la pub, le close up de Sébastien Ministru, et puis des places à gagner pour le concert des Vismets à l’AB….. ». Je manque d'entrer en collision avec une vieille dame, mais bien vite je me rends compte qu’il s’agit....de mon reflet dans le miroir. Ca y est, ça me revient, j’ai 31 ans, deux enfants, une maison et un mari. Welcome back in the 2010’s, tout ceci n’était qu’un doux songe…. »

5 commentaires:

  1. Au fond, Doc et Difool étaient un peu les Rudy Léonet et Hugues Dayez de l'époque/du sexe....

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  2. Oui oui, Perrine Pan a 31 ans....Au début du blog, elle en a 30, mais elle a eu 31 récemment, moui enfin.....

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  3. les lila pause!!!!!!! c'était booooooon !!!!!!!!!:-)

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