dimanche 28 octobre 2012

Episode XXIV : Le périnée de Perrine Pan


Oui je sais, je suis la championne des titres tue-le-glamour. Mais qui, je l’espère, ne manqueront pas de titiller les plus resquilleurs des zappeurs du net. N’est pas journaliste du Nouveau Détective ou d’Ici Paris qui veut, mais n’empêche. Je m’applique dans le choix de mes titres, qui sont au final, et au contraire des feuilles de chou précitées, généralement un reflet assez fidèle du contenu de l’article. Enfin, de l’épisode. Car c’est bien de cela qu’il est ici question : de tranches de vie, de couches d’une indigeste lasagne qu’est mon existence légèrement bordélique et borderline, dont je vous offre la dernière part.

Ah, j’entends déjà de jeunes lecteurs me signifier qu’il n’ont pas la moindre fucking idea de ce qu’est un périnée. Rassurez-vous Ryan, 17 ans, de Gosselies et Justin, 16 ans, de Vyle-et-Tharoul (ndlr : les benjamins de la Communauté Perrine Pan, que j’ai appâtés grâce à mon article sur les mères geek….), même si tout le monde est doté d’un périnée, il est normal d’ignorer son existence (et de s’en porter très bien) jusqu’à un certain stade d’avancement de la vie, soit à l’heure de devenir parents. De toute manière, réflexe universitaire oblige, je vais commencer par définir ce terme effectivement des plus barbares pour toute personne qui n’a jamais franchi la porte d’un cabinet de gynécologue, d’une salle d’accouchement, ou d’un centre de kyné. Selon le site perinee.info (siiiiii, ça exiiiiiiiste),  « Le périnée, pour faire simple, est un ensemble de muscles (nommé également muscle pelvien ou muscle de Kegel) sur lesquels repose le bon fonctionnement d'une certaine partie du bassin, il forme avec un ensemble le plancher pelvien. Ce muscle en se contractant permet notamment l'évacuation et inversement la conservation des urines et des selles en attendant la miction ou la défécation. Le périnée permet donc le maintien de la vessie, de l'urètre et du rectum. Chez la femme le plancher pelvien sert également de soutien à l'utérus. Ce muscle permet à la femme d'accoucher plus ou moins facilement. » Le tout agrémenté d’un délicieux schéma, que voici : 


Vous remarquerez que cette coupe franche est assez soft et de bon goût. Je vous épargne quelques illustrations plus trashouilles glanées lors de mes recherches sur Google, nettement plus réalistes et aux points de vue moins flatteurs. Bon, là, on est d’accord qu’il s’agit de l’anatomie féminine, mais comme je le disais plus haut, les hommes aussi, possèdent un périnée. Sarkosy lui-même a clamé haut et fort que Carla et lui se faisaient coacher pour bétonner leurs périnées. (Ssssiiii, c’est vrai, les détails ici : http://www.marianne.net/Sarkozy-ne-nous-cache-rien-meme-pas-son-perinee_a177974.html) Et preuve en image, une nouvelle fois (notez que ça a l'air sacrément plus complexe que chez la femme) : 
Ben oui, vu la définition précitée, imaginez ce qu’il se passerait si vous n’en étiez pas dotés, Ryan et Justin…. Bon, évitons que cet épisode ne s’engage une nouvelle fois dans des voies trop douteuses, et arrêtons là la partie définition. 
Mais pourquoi je vous parle de périnée, là, comme ça, dès-potron-minet, allez-vous me demander? Moi-même, j’avoue que je ne sais pas très bien….. Ah si ! Ca me revient ! L’idée m’est venue suite à une mésaventure vécue il y a deux jours à l’Ecole du Cirque. Oui, je sais, c’est complètement parent bobo-BW, c’est complètement jaja-new-age, mais j’ai commencé à suivre des cours de cirque.  Mais j’y reviendrai en fin d’article, car j’aime suivre une certaine chronologie. Donc, une fois que l’on tombe enceinte, on fait également connaissance avec cette partie du corps dont on n’avait jamais entendu parler auparavant, et qui dorénavant va devenir le centre d’attention non seulement de tous les professionnels de la naissance à qui vous aurez affaire, mais également de toutes vos connaissances féminines qui sont passées par là avant vous. Comme si l'on avait soudain accès à une des clefs du fonctionnement de l'univers, comme si c’était un truc réservé à des initiés, que l’on gardait tabou jusque-là, mais qui devient le sujet de conversation le plus commun une fois qu’on a (ou a eu) un polichinelle dans le tiroir. On a du coup l’impression de faire partie d’une sorte d’élite, d'une caste privilégiée face à tous ces pauvres aveugles qui ignorent encore qu’ils possèdent un périnée. Le jour où on vous révèle sa localisation, c’est un peu comme le jour où l’on vous apprend que Saint-Nicolas n’existe pas, mais que vous devez continuer à faire semblant d’y croire pour vos petits frères et sœurs. Et une fois que le mot est lâché, ça n’arrête plus. Tout au long de votre grossesse, on vous met en garde, on vous somme de le bichonner, au risque de vous retrouver incontinente. On vous conseille de le muscler, de le coacher, d’être à son écoute « Madame Pan, é-cou-tez ce que vous dit votre périnée !! ». Vous, vous êtes novice dans le milieu et vous n’osez pas trop contredire les sommités en blouse blanche qui s’occupent de votre bien-être. Alors vous acquiescez. Et vous retrouvez bien dépourvue le soir, dans votre salon, seule avec votre mystérieux périnée. Vous voulez bien l’écouter, mais force vous est de constater que le vôtre est aphone. Et pourtant, vous voulez leur faire plaisir, à votre gynéco et votre sage-femme, alors vous tentez tant bien que mal de faire les exercices recommandés devant le dernier épisode de Mad Men, en n’ayant en réalité pas la moindre idée de ce que vous êtes en train de foutre, mais avec toutefois ce petit sentiment jubilatoire éprouvé en regardant votre mari et en vous disant « S’il se doutait que je suis en train de muscler mon périnée, rhhi rhhi rhhi. ». Une fois l’enfant venu au monde, vous pensez que les tracasseries autour de cette partie de votre anatomie ont débarrassé le planchier pelvien. Naïve que vous êtes, c’est maintenant que les ennuis commencent, dès la première visite de la sage-femme. « Comment va votre périnée Madame Pan ? » « Ben, je ne sais pas, demandez-lui…. On a jamais beaucoup communiqué lui et moi… » Et c’est ainsi que la « femme qui murmure à l’oreille des périnées » vous remet une liste d’exercices à effectuer sans plus attendre (au risque de devenir et rester incontinente), comme si vous n’aviez que ça à foutre avec un nourrisson de quelques jours. « N’oubliez pas Madame Pan, c’est très important, hein !! 2 fois dix minutes tous-les-jours!!», dit-elle en refermant la porte de la chambre, avec un air de démence dans le regard. Information qui sera directement corroborée par ma voisine de chambre en vareuse du RC Wavre et pantoufles Tigrou: « Elle a raison hein, un accouchement ça te fout en l’air un plancher pelvien….. » Et vous n’avez pas encore fini d’en entendre parler. Ca continue lors de vos séances de kiné postnatale où on vous propose des massages du périnée ("Non mais ça va pas non !!") pour vous poursuivre lors de vos sorties mondaines que vous attendiez pourtant avec l’impatience d’un détenu de prison arrivé au terme de sa peine (même si votre geôlier est tout mignon et a des petites fesses qui sentent le talc). Moi, même les sorties d’affaires me réjouissaient. Et pourtant. Là où l’on n’imagine pas l’associé de son mari lui demander entre le carpaccio de rouget et l’entrecôte irlandaise comment se portent ses testicules, pour la femme de l'associé, il est visiblement de bon goût de s’inquiéter de l’état de fonctionnement de tous les périnées présents autour de la table qui auraient connu récemment un accouchement. C’est à dire uniquement moi, car pour une fois la plus jeune de l’assemblée au milieu de femmes cougars. Non mais c’est vrai quoi, on nous dit depuis tout petit qu’on ne peut pas dire « bite-couilles-nichon », mais par contre, sous prétexte que ça fait partie du monde enchanteur de la vie périnatale et que le terme est vaguement scientifique, il semble tout a fait bienvenu de s’inquiéter de cette partie intime de son hôte. Voire….grossier de ne pas le faire.
J’en arrive à ce dernier épisode. On me retrouve donc il y a deux jours à ma première leçon de cirque, toute enthousiaste à l’idée de passer 1h30 hors de la course infernale qu’est la vie de parent, 90 minutes de pur plaisir loin des tracasseries cafardeuses du monde des adultes. Un rapide coup d’œil  à mes convives me conforte dans cette idée. Mes collègues circassiens sont jeunes, frais, ils sentent encore bon le Clearasil. Me voilà entourée de post-ados, je n’espérais pas mieux. Et pourtant. Je faillis tomber de mon trapèze quand je l’entendis prononcer pour la première fois. J’avais beau être en cochon pendu, je l’avais bien entendu…. Je me redresse et tends l’oreille. Je ne rêve pas. La jeune fille sur le trapèze d’à côté s’adresse à la prof, qui lui confie ne pas pouvoir lui montrer les exercices car elle sort de son congé de maternité. Elle-même (la jeune fille) serait en plein allaitement. Et se demande si toutes ces figures acrobatiques ne vont pas endommager….son périnée. Du haut de mon trapèze, j’observe alors plus consciencieusement le petit groupe. Et j'essaie de capter au vol des bribes de conversation. J’entends parler couches, j’entends parler crevasses, j’entends parler biberons sans bisphénol. Ma parole, j’hallucine, dites-moi que c’est là le tour d’un illusionniste mal intentionné!! Tous ces gens ont mon âge. Je suis entourée de périnées. De périnées jongleurs, de périnées funambules, mais de périnées tout de même……

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