lundi 2 janvier 2012

Episode II: Le blog

« Quwé ? Tu vas faire un blog ? Ca existe encooore ça ? ». Soit la réaction ce matin de mon collègue rixensartois quand je lui annonce mon désir subi, ardent et inexpliqué de me mettre moi aussi à étaler ma vie sur internet. « Mais enfin Chérie, t’es dingue, qui a encore besoin d’un blog, tout le monde est sur Face’.» « Quoi ? », de s-en-mêler alors Lou-Anne, ma collègue genvaloise, tout en dégainant son IPad. « T’es encore sur Facebook Pierre-An ? J’croyais qu’t’allais supprimer ton compte…. Moi en tout cas, j’ai arrêté net, du jour au lendemain, ah ouais. J’suis juste restée sur LinkedIn, parce que bon ça, c’est professionnel et c’est vachement bien foutu. » Alors que j’essayais de comprendre à quel obscur bled flamand elle faisait référence, mon collègue rixensartois de reprendre : « Non mais attends, les blogs, c’est naze ma grande, c’est pour les fans de scrépbooking ou les collectionneurs d’enclumes, mais toi, qu’est-ce t’as besoin de faire un blog ? Si c’est pour mettre des photos de tes mioches et d’ton mec t’as Facebook, je vois pas où est la plus-value.» Bon, mon collègue rixensartois n’a pas tout à fait tort, c’est vrai que faire un blog, c’est un peu tarte. Si pas complètement has been. Mais, pour ma défense, comme tous les gens de mon âge, j’ai toujours une guerre de retard. J’en veux pour preuve que j’ai découvert l’existence d’Abercrombie le jour de l’ouverture d’une de ses enseignes à Bruxelles.  A en croire ma cousine de 20 ans, ça faisait des annnéééées que tout le monde attendait ça. C’était donc ça tous ces gens sur l’Avenue de la Toison d’Or l’autre jour !! Je me disais aussi que ces Indignés étaient vachement prout-prouts…..  

Par contre, mon collègue est à mille lieues de la réalité quant aux raisons qui me motivent à créer un blog. Loin de moi la volonté de me taper la frime en postant des photos de la rénovation de ma nouvelle 2 façades et demi dans le BW. Loin de moi le souhait de publier en veux-tu en-voilà des photos de mes têtes blondes (Golden Retriever non inclus, je n’en ai pas, Dieu m’en préserve), même si ce sont de loin et objectivement les plus beaux enfants que la terre ait jamais connus en son giron. Loin de moi, vraiment, l’envie de tomber dans ce narcissisme crasse et répugnant qui semble frapper l’être le plus modeste dès lors qu’il inscrit son nom dans les pages du grand livre des visages de Mark Zuckerberg. C’est vrai que je suis mal placée pour en parler, j’ai moi-même été contaminée par le virus du moi-je. Mahatma Ghandi, lui-même, aurait posté des photos de sa Marche du Sel sur Facebook si le web 2.0. avait fait son apparition à l’époque. Mais en ce qui concerne mon blog, c’est différent. Il aura une vocation à la fois thérapeutique et sociologique. Il se voudra le portrait d’une adulescente prisonnière des années 90, telle une cavalière qui aurait chu et dont le pied resterait désespérément rivé à l’étrier de sa monture galopant toujours plus vite vers l’horizon, l’œil fou et l’écume au coin des lèvres. 

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