jeudi 19 janvier 2012

Episode IX: La baby-sitter (part 1: réticence)


Tout commence par un événement extraordinaire. Et par extraordinaire, j'entends bien: qui sort de la normale. Soit un coup de téléphone à ma môman pour qu’elle me confirme qu’elle garderait « avec pplllaaaiiiisir » nos deux Galapiats jeudi soir, car « bien sûr, tu sais qu’elles sont toujours les bienvenues, tout le bonheur est pour moi !! », et ce afin que nous ne rations pas le concert de David Bartholomé (Ch’adooorrrre).

« - TTTTTUUUUUTTTT. Maman ?
-             Salut chérie, comment tu vas ?
-             Bien, bien, super, et toi ?
-          Oh ben, oui, hein, comme un mercredi. Ton père ne travaillait pas cet après-midi alors on est allé chez ce petit antiquaire qui…
-            Oui, dis, maman, j’peux pas rester longtemps, ch’uis au boulot, j’avoue que c’est un coup de téléphone intéressé, mais voilà, je voulais savoir si ééééventuellement demain vous pourrieezz garder les filles parce qu’on nous a proposé d’aller à un concert, je suis désolée de prévenir si tard mais…..
-         OOh Perrine je suis désolée, mais demain soir, ça ne va pas être possible, on va écouter une conférence donnée par Peter de Caluwe à Bruxelles...
-           OK super, merci ! Je te les amène vers 19h ? T’es pas obligée de leur donner un bain…Euh quoi ? Ah, vous n’êtes pas là ?
-           Non, ah, c’est bête, si j’avais su, mais on a déjà les places et….
-        Non, non, dis, tracasse, allez à votre conférence, faites-vous plaisir, je vais voir avec les parents de Monsieur Hulot. Au pire, on prendra une baby-sitter….. »

Cette dernière phrase, non seulement j’ai rarement eu à la dégainer en quatre ans et demi, mais à chaque fois que je l'ai fait, je n’en pensais pas un mot. Non, non, je n’ai rien contre les baby-sitters maaaiiiissss…. Interception de Monsieur Hulot sur Facebook pour lui demander de convaincre ses parents de garder nos petiotes, « sous la menace si il faut », me semble-t-il bon de préciser. « Non non, pas poss, mes parents sont à Venise cette semaine. » me répond la petite fenêtre en bas de page. Mais c’est pas possible, si la génération des seniors se met à sortir plus que nous, tout fout l'camp!! « Mais je ne veux pas rater ce concert, à chaque fois je le loupe, et cette fois je m’étais dit que j’y assisterais quoi qu’il arrive», pianote-je fébrilement dans cette maudite et ridicule petite fenêtre, donnant lieu à un festival de fautes de frappe que je m’abstiendrai de retranscrire ici.  Rrrhhhaaa, j’aurais du écouter tous ces gens qui me juraient mordicus qu’avoir des enfants isolait plus du monde qu’une gastro couplée à la varicelle, me dis-je au moment où un Chclong  me signale que mon interlocuteur m’a répondu. « On a qu’à prendre une babysit !! » Ca y est, le mot est lâché. Je dois sortir plus vite que prévu ma première carte « excuse ». « Mais on n'en trouvera jamais une la veille, non, mauvais plan !! », je lui réponds tout en me demandant pourquoi on emploie toujours ce terme au féminin-  « Mais si, en semaine, ça ira, si on lui promet de pas rentrer tard….. » - Gggnnggnn…. Je tente une deuxième carte : « Mais Oompa est pas bien, elle sort de sa bronchite… » - « Raison de plus pour qu’elle soit gardée à la maison. Je vois pas pourquoi tu fais un blocage avec les babysit !! » « Mais pas du tout, je fais pas un blocage !!.... »

Mais si, évidemment que si, je fais un blocage. Et je vais vous dire pourquoi. Moi aussi j’ai eu 16 ans, moi aussi j’ai fait du baby-sitting. Mais je n’ai toujours eu que des mioches de même pas dix ans de moins que moi à garder, et si j’avais du gérer au milieu de la nuit le réveil en pleurs d’un enfant d’un an et demi dégoulinant de larmes et de morve et dégageant un fumet plus que suspect, j’aurais abandonné sur le champ têtes blondes, labrador, VHS, et armoire à boules avant de m’enfuir à toutes jambes à travers champs pour rejoindre un endroit où je ne risquerais pas de croiser un jeune prépubère. Cela dit, alors que mes yeux s’assèchent peu à peu en tentant de trouver une réponse dans le fil d’actualité de ma page Facebook, il me vient une idée. Je ne l’ai jamais dit à Monsieur Hulot, mais je conserve secrètement les coordonnées de divers baby-sitters qui ont un jour vanté leurs mérites et leurs compétences pédagogiques qui à la pharmacie locale, qui au Spar du coin, qui aux valves de la crèche. Et oui, je l'avoue, quand je me rends dans des lieux publics, j'ai tendance à arracher compulsivement les  bandelettes des petites annonces, qu'elles me concernent ou non. J'ai fini par me débarrasser de celles qui faisaient savoir la mise en vente de sofas, de mobile-homes, de motos, de collections de Femmes d'Aujourd'hui, ou de services en faïence, j'ai renoncé à placer mon cheval en demi-pension, à faire  peindre ma barrière par la Patrouille des Jaguars, ou à acheter un bébé chat siamois, pour ne ne conserver que les offres de super-nounous en herbe. J’ai donc accumulé dans une boîte métallique une jolie petite collection de bandelettes en papier, bandelettes qui n’ont plus jamais vu la lumière du jour depuis.
 
Bref, puisque la technologie le permet, je n'allais pas me priver de faire passer à tous ces candidats un casting de baby-sitters (tiens, je devrais proposer le concept à Endemol). Non, je ne comptais pas les convier un à un dans mon salon pour leur demander leurs références, comme dans Mary Poppins (décidément, cette référence m’est chère), nnnnooonnn, tout ça allait se faire à leur insu, puisque mon plan consisterait à les espionner via leur page Facebook. Merci Mark, once again. Ben oui, les réseaux sociaux offrent quand même des avantages, comme celui, pour les uns, d’étaler leur vie sur un espace virtuel et, pour les autres, de fouiner dans celle-ci, pour tenter d'y déceler le profil d'un éventuel pervers narcissique sociopathe (ou juste cleptomane accroc au téléphone, ce qui risquerait également de poser problème, dans une moindre mesure). Et comme c’est bien connu, les ados ne ferment jamais leurs profils Facebook et abusent de la mise en ligne de photos - comme si la loi en vigueur voulait que tout cliché pris avait le droit d’être publié, peu importe qu’il soit sous-ex, mal cadré, qu’il soit le résultat d’un « flou de bourré", ou qu'il porte atteinte à la dignité humaine -, j'allais pouvoir mener mon enquête et me faire ma p’tite préselection tranquillou……."

TO BE CONTINUED…….

1 commentaire:

  1. article trés intéressant ,je vous remercie bien pour votre niveau de déscription de votre annonce , ça m'encourage de le suggéré  avec d'autre amis ,bonne chance et bonne continuation !

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